Pour concrétiser tout véritable effort de renouvellement, la fonction publique devra inévitablement recruter et mobiliser de jeunes employés. Pour ce faire, elle devra s’efforcer de mieux comprendre les jeunes en fonction non seulement de leur génération, mais aussi du stade où ils en sont dans leur vie.
Cette méthode présente des avantages simples, mais importants. La fonction publique a ainsi la possibilité d’offrir une proposition plus attrayante qui permettra d’attirer les meilleurs jeunes talents et d’accroître la loyauté, l’engagement et la satisfaction des nouveaux et des anciens employés. Tout cela contribuera directement à améliorer la qualité de la fonction publique.
Mais qu’entend-t-on par génération et stade de vie? Les modèles générationnels définissent les populations en se fondant sur l’environnement dans lequel elles ont grandi. Nombreuses sont les études qui décrivent la façon dont les expériences formatrices peuvent créer des différences d’attitudes et de comportements entre les générations. Pour connaître les objectifs de travail et les aspirations des jeunes d’aujourd’hui, le secteur public devra d’abord comprendre les expériences formatrices particulières qu’ils ont vécues – leur environnement d’apprentissage, leurs relations familiales et les aspects sociaux et culturels de leur vie.
Il est également important de comprendre les stades de vie des jeunes et les points de transition clés de leur carrière afin de mieux cerner leurs aspirations et leurs comportements. Le stade de vie est une période dans la vie d’une personne qui se caractérise par un ensemble donné de préoccupations ou de motivations. Les trois principaux stades de vie que traversent les jeunes sont les suivants :
- étudiant;
- jeune indépendant (célibataire, couple sans enfant);
- famille (avec des enfants qui vivent à la maison).
Entre ces stades de vie, il y a des points de transition clés qui marquent des changements majeurs d’attitudes et de comportements, que ce soit au niveau professionnel ou personnel. Une personne traverse une série de changements émotionnels et intellectuels importants lorsqu’elle quitte la maison familiale, termine ses études collégiales ou universitaires, cherche un premier emploi, emménage avec son ou sa partenaire, achète une maison ou a des enfants. Les jeunes, quel que soit leur stade de vie – étudiant, jeune indépendant ou famille – constituent la clé des futurs efforts de renouvellement de la fonction publique.
DECODE a réalisé plusieurs études portant sur la façon dont ce segment de la population voit le monde du travail. Contrairement aux idées reçues, le secteur public est considéré comme un milieu de travail attrayant par de nombreux jeunes Canadiens. Les études annuelles From Learning to Work (de 2004 à aujourd’hui) révèlent que le secteur public est l’employeur qui a le plus la cote auprès des jeunes diplômés de niveau postsecondaire. Plus de la moitié des 27 000 répondants interrogés ont affirmé vouloir faire carrière au gouvernement, alors qu’environ 40 % des répondants ont dit préférer les grandes et les moyennes entreprises.
Quand nous avons demandé aux personnes intéressées à travailler au gouvernement quelles étaient les principales raisons qui motivaient leur choix, les cinq réponses qui sont revenues le plus souvent sont : possibilités d’avancement et de promotion, équilibre vie-travail, formation et perfectionnement efficaces, bons collègues de travail et sécurité d’emploi.
L’explication de ces résultats est fort simple. Les deux tiers des étudiants postsecondaires ont recours à une forme ou une autre d’aide financière, qu’il s’agisse d’une carte de crédit ou d’un prêt étudiant. Pour les jeunes qui viennent de finir leurs études, qui ont des dettes à payer et qui recherchent un emploi stable, la fonction publique est très attrayante en raison de la sécurité d’emploi qu’elle peut offrir en cette période de grande instabilité.
Les facteurs que l’on associe généralement à la fonction publique, comme la possibilité d’avoir un impact social, la possibilité d’avoir un impact personnel et la chance d’occuper un emploi stimulant, ont été nommés beaucoup moins souvent.
On pourrait être tenté d’attribuer ces résultats à une sorte de malaise générationnel. Mais en examinant de près les caractéristiques propres au stade de vie « étudiant », on comprend mieux pourquoi un long processus de recrutement risque de décourager les jeunes dont les objectifs de carrière sont plus proactifs et dynamiques.
Pour les jeunes sur le point d’obtenir leur diplôme, la transition entre l’école et le monde du travail est une période très angoissante. Dans la plupart des cas, les nouveaux diplômés postuleront plus d’emplois durant cette période qu’à tout autre moment de leur vie, et ils seront beaucoup plus portés à intégrer rapidement le marché du travail pour pouvoir commencer à rembourser leurs dettes et à payer leurs factures. À ce stade, bon nombre d’étudiants accepteront la première véritable offre d’emploi qu’ils recevront. Comme ils débutent, ils n’ont souvent pas l’expérience ou la confiance requise pour remettre en question le statu quo.
Toutefois, les étudiants ne sont pas les seuls parmi les jeunes à mériter l’attention du secteur public. Les jeunes qui sont déjà sur le marché du travail représentent également un formidable bassin de talent et d’expérience dans lequel puiser. Pourtant, la plupart des organismes du secteur public ne disposent d’aucune stratégie pour attirer les jeunes de cette catégorie.
Dans son étude intitulée Young Independents DNA, DECODE a analysé les attitudes et les comportements des jeunes Canadiens de 18 à 29 ans, ainsi que les similarités et les différences entre les étudiants, les jeunes professionnels indépendants et les jeunes parents.
Selon cette étude, les jeunes indépendants sont beaucoup moins portés à citer l’équilibre vie-travail comme facteur déterminant dans le choix de leur emploi; ils accordent davantage d’importance aux gens avec lesquels ils travaillent. Ils sont moins portés à se soucier de leurs heures de travail et accordent une plus grande importance au fait de travailler avec les bonnes personnes. Ils sont aussi plus susceptibles de changer d’emploi et de domaine. Ils ont plus tendance à réclamer des changements, faute de quoi ils vont voir ailleurs. Comparons ces résultats à ceux des nombreux étudiants qui veulent travailler dans le secteur public : quelles en sont les répercussions sur le renouvellement de la fonction publique?
Les jeunes parents représentent une occasion intéressante pour la fonction publique. Tout comme les jeunes indépendants, ils possèdent la plupart du temps une certaine expérience professionnelle. Mais contrairement aux jeunes indépendants, les jeunes parents recherchent la sécurité et la stabilité. Selon l’étude Young Independents DNA, les jeunes parents accordent une grande importance à la santé et aux avantages sociaux dans leurs choix de carrière, et la stabilité qu’offre le secteur public est très attrayante pour eux. Même s’ils peuvent privilégier le changement, ils sont moins enclins à se déplacer au cours de leur carrière.
Sur le plan générationnel, il convient également d’examiner la façon dont le secteur public motive ses jeunes employés. Le secteur public est bien connu pour sa structure hiérarchique. L’étude Young Independents DNA a révélé que les étudiants, les jeunes indépendants et les jeunes parents cherchent tous à obtenir de l’avancement, en moyenne moins d’un an et demi après avoir décroché leur premier emploi. Il s’agit peut-être bien d’une attente irréaliste, mais les dirigeants du secteur pu