La récente campagne électorale américaine nous a permis d’assister à une fantastique démonstration du savoir-faire des jeunes et de leur grande créativité dans l’utilisation des outils numériques. Les jeunes adultes, qui appuyaient en grande majorité le sénateur Barack Obama, ont joué un rôle crucial l’élection du nouveau président.
Par le biais de divers réseaux sociaux, ils ont stimulé l’enthousiasme du public à l’égard de leur candidat : Facebook pour partager de l’information à la vitesse d’Internet, recueillir des fonds et organiser des ralliements; vidéoclips de musique sur YouTube pour rejoindre des millions d’électeurs potentiels; et leurs Twitters ont révolutionné le cycle des nouvelles tel que nous le connaissons. Grâce à leurs gadgets, ils ont donné un essor sans précédent à la campagne – par exemple, l’application iPhone qui permettait de suivre le déroulement de la campagne à même son téléphone et de connaître les activités électorales se déroulant à proximité.
Les jeunes d’aujourd’hui sont ce que j’appelle la génération Internet (en anglais les N-Geners). Nés entre 1977 et 1997, ces adolescents et ces jeunes adultes sont les enfants des baby-boomers et ont grandi dans un monde truffé d’appareils et de médias numériques. En 2008, l’âge des membres de cette génération oscillait entre 12 et 31 ans. Au Canada, il y a plus de N-Geners que de baby-boomers.
À l’échelle mondiale, les N-Geners affluent sur le marché du travail, le marché des biens et services et dans tous les autres secteurs de la société. Ces jeunes prennent d’assaut le monde avec leur force démographique, leur connaissance des médias, leur pouvoir d’achat, leurs nouveaux modèles de collaboration et de partenariat, leur esprit d’entreprise et leur poids politique.
Ils peuvent effectuer plusieurs tâches à la fois. Ils savent utiliser le courrier électronique depuis leur plus jeune âge. Ils se servent sans arrêt de leur téléphone pour envoyer des messages-textes, surfer sur le Web, s’orienter, prendre des photos, faire des vidéos et communiquer entre eux. Ils vont sur Facebook chaque fois qu’ils en ont l’occasion, y compris au travail. La messagerie instantanée et Skype tournent en permanence en arrière-plan sur leur ordinateur. Le baby-boomer typique a grandi en regardant la télévision plus de 22 heures par semaine, distraitement, pour passer le temps. Quand un jeune de la génération Internet ouvre la télévision, c’est souvent pour avoir une image de fond, pendant qu’il est en ligne à chercher de l’information, jouer à des jeux ou clavarder avec des amis.
J’ai récemment mené un projet de recherche de 4 millions de dollars qui visait à étudier en profondeur cette génération; il en est ressorti huit caractéristiques qui décrivent le comportement typique des N-Geners et le différencie de celui de leurs parents baby-boomers.
1. Ils prônent la liberté et la liberté de choix;
2. Ils veulent tout personnaliser, s’approprier les choses;
3. Ce sont des collaborateurs naturels qui aiment converser, et non se faire sermonner;
4. Ils observent de près vos moindres faits et gestes, ainsi que ceux de l’organisation;
5. Ils prêchent l’intégrité – honnêteté, empathie, transparence et respect de ses engagements;
6. Ils veulent avoir du plaisir – même au travail et à l’école;
7. Tout doit aller vite;
8. L’innovation fait partie de la vie.
Pour l’administration publique, les N-Geners représentent un défi à trois titres. Comme employés, leur instinct va à l’encontre de nombreuses façons de faire traditionnelles du secteur public en tant que milieu de travail. Comme consommateurs, ils tiennent à recevoir un service rapide et personnalisé. Enfin, comme citoyens, ils prônent une démocratie beaucoup plus participative.
Comme employés
Les N-Geners sont des employés avertis, confiants, optimistes, ouverts d’esprit, créatifs et indépendants, mais parfois difficiles à diriger. Pour satisfaire à leurs demandes – possibilités d’apprentissage accrues, rétroaction fréquente, meilleur équilibre travail-vie personnelle et meilleures relations en milieu de travail –, les organismes doivent modifier leur culture et leurs méthodes de gestion, tout en continuant de répondre aux besoins des employés plus âgés.
Contrairement à leurs parents au même âge, les N-Geners ont le sentiment que leur employeur leur doit quelque chose. Bon nombre d’entre eux considèrent que leur emploi devrait être adapté à leurs besoins et non l’inverse. Plus de la moitié d’entre eux, par exemple, disent ne pas vouloir être cloîtrés dans un bureau. Pour de nombreux N-Geners, le monde parfait se résume comme suit : remplacer les descriptions de poste par des objectifs de travail et donner aux employés les outils, la latitude et l’orientation nécessaires pour accomplir le travail.
Les N-Geners ne font pas la distinction entre divertissement, apprentissage et travail. En fait, environ 67 % des répondants interrogés s’entendent pour dire que « travailler et s’amuser peuvent et devraient aller de pair ». De leur point de vue, un lieu de travail est plus attrayant si on peut s’y amuser. Autrefois, il y avait un moment de la journée pour travailler et un autre pour se divertir. Aujourd’hui, travail et plaisir sont devenus une seule et même chose, car les N-Geners veulent gagner leur vie en faisant ce qu’ils aiment.
Au travail, les N-Geners se divertissent aussi pour faire le plein d’énergie ou se désennuyer, et ils disposent de l’outil idéal pour y parvenir : Internet. Bon nombre d’entre eux lisent les nouvelles, vont sur Google, clavardent avec des amis et regardent des vidéos sur YouTube, et ce, plusieurs fois par jour. Ils estiment que de « prendre une pause-café virtuelle » de 10 minutes leur permet de retourner au travail encore plus concentrés et qu’ils n’abusent pas du système en agissant ainsi.
Comme consommateurs
Ces dernières années, les économies occidentales ont vécu une croissance fulgurante des techniques de marchandisage et de la variété des produits, donnant ainsi aux consommateurs une liberté de choix sans précédent. Alors que les générations les plus âgées peuvent se sentir émerveillées ou dépassées par la prolifération des réseaux de vente, des types de produits et des marques, la génération Internet, elle, s’en repaît.
Les administrations publiques offrent des milliers de services à des citoyens d’âges et de milieux différents en fonction de leurs b