La plupart des organismes se voient affecter des « directeurs des nouveaux médias » par l’administration Obama, afin d’élaborer des stratégies pour le Web 2.0 et de créer un gouvernement en ligne plus ouvert. Le gouvernement du Royaume-Uni démontre un enthousiasme semblable. En fait, 2009 est une année charnière de l’autre côté de l’Atlantique.
L’année a commencé par le lancement d’un rapport de large portée sur la Grande-Bretagne numérique, produit par un groupe de travail dirigé par lord Stephen A. Carter, le ministre de la Communication, de la technologie et de la radiodiffusion. Embrassant tous les secteurs dans un large tour d’horizon, le rapport esquisse ce que le secrétaire à l’entreprise, Peter Mandelson, décrit comme étant « une stratégie pour construire une économie du savoir dans laquelle nos industries numériques s’appuieront sur nos atouts les plus précieux : la compétence et l’innovation ». Le rapport souligne l’importance d’accéder à l’Internet universel à large bande et la nécessité d’avoir une fonction publique modèle qui, en termes de service et de démocratie, pourra contribuer au développement numérique en y participant et en l’accélérant.
Éperonné par cet examen et par l’enthousiasme croissant face au potentiel que possède le Web 2.0 de transformer la mobilisation démocratique, le gouvernement a créé l’an dernier un groupe de travail sur le pouvoir de l’information. Le rapport de mars du groupe de travail demande qu’on agisse dans plusieurs domaines clés touchant la participation du secteur public dans le domaine numérique, y compris l’amélioration du partage et de l’utilisation de l’information du secteur public et de nouvelles façons de consulter le public.
Approuvant ce rapport presque immédiatement, le gouvernement a diffusé le même mois une stratégie de suivi, « Travaillons ensemble », qui indique que « le gouvernement accueille favorablement la vision du groupe de travail, accepte son message global et y répondra bientôt avec des recommandations détaillées ». De plus, le gouvernement promet d’atteindre quatre objectifs en 2009, à savoir :
- une information plus accessible;
- une innovation plus libre;
- une discussion plus ouverte;
- une rétroaction plus directe.
Forts de cet appui politique, les hauts fonctionnaires se sont attelés à l’élaboration d’une stratégie détaillée pour guider la fonction publique dans l’utilisation des nouveaux médias. Nick Jones, directeur des services interactifs au bureau central d’information, met l’accent sur un élargissement de la plate-forme d’expérimentation du Web 2.0, visant les utilisateurs tant internes qu’externes. Reconnaissant les tensions entre l’appareil traditionnel de communication gouvernementale et l’orientation plus consultative et ouverte des médias sociaux, Jones et ses collègues travaillent avec les ministères et les organismes de tout le secteur public pour appuyer les nouvelles plates-formes technologiques, de nouveaux modèles opérationnels et les compétences humaines requises afin d’innover et de gérer le risque.
Les efforts du groupe concrétisent les recommandations essentielles du groupe de travail sur le pouvoir de l’information, qui soulignent la nécessité que la fonction publique s’engage à fond dans la gouvernance en ligne, en s’appuyant sur l’infrastructure ainsi que par les compétences et la formation requises.
Le gouvernement a répondu positivement, déclarant : « Nous encouragerons une large mobilisation du public grâce à une consultation et une collaboration plus interactives en ligne. Nous allons également donner aux professionnels les moyens d’être actifs dans les réseaux d’entraide en ligne dans leur domaine de travail. »
Ces efforts au plan national sont enrichis par l’accent mis sur la cyberdémocratie au niveau local, où des conseils municipaux, comme celui de Bristol, ont encouragé les études et les initiatives visant à exploiter le potentiel d’élargissement de la participation démocratique plus étendue, surtout auprès des jeunes. Un rapport récent produit par le projet national de cyberdémocratie locale à la demande du conseil municipal de Bristol explore le lien entre le renouveau démocratique et la mobilisation des jeunes. Le rapport énonce toute une gamme de recommandations et de lignes directrices, préconisant une collaboration plus étroite entre les écoles et les autorités locales afin de stimuler le dialogue démocratique.
Au Canada, les villes commencent aussi à explorer le potentiel du Web 2.0. Notre modèle de fédéralisme fait que les initiatives locales sont façonnées par l’orientation des efforts fédéraux et provinciaux, pour le meilleur et pour le pire. Une approche plus holistique de la gouvernance numérique dans notre pays – une approche qui reconnaisse l’importance de l’autonomisation des collectivités locales, des initiatives ascendantes et d’un gouvernement fédéral plus engagé – est une nécessité pressante si nous voulons prétendre de nouveau au premier rang dans le domaine du cybergouvernement.
Jeffrey Roy est professeur agrégé à l’École d’administration publique à l’université Dalhousie (roy@dal.ca).