On pense souvent que la fonction publique devra recruter un grand nombre de jeunes professionnels, surtout des récents diplômés, pour remplacer les baby‑boomers qui partiront bientôt à la retraite. Même si elle ne brille pas par son originalité, cette stratégie est défendable tant qu’elle est conforme aux tendances du marché du travail. Or, ce n’est pas le cas actuellement. La population du Canada, comme celle de la plupart des pays industrialisés, vieillit rapidement. Les jeunes travailleurs se font de plus en plus rares. Selon Statistique Canada, d’ici dix ans, les nouveaux actifs ne suffiront peut‑être pas pour compenser les départs à la retraite.
La fonction publique devra donc sous peu ratisser plus large que les nouveaux diplômés ou les professionnels en milieu de carrière. Mais où?
Elle peut se tourner vers les travailleurs de 55 ans et plus, qui en nombre croissant cherchent à prolonger leur vie professionnelle. D’après Statistique Canada, le taux d’activité des travailleurs de 55 à 64 ans n’a cessé de croître au Canada ces dernières décennies et la tendance devrait se maintenir. De même, des enquêtes menées par la Banque de Montréal et par Fidelity Investments ont conclu que nombre de babyboomers prévoyaient de continuer de travailler à la retraite.
Quelques organismes du secteur privé se sont penchés sur les initiatives visant à tirer parti des travailleurs âgés. Ces initiatives ont deux objectifs : maintenir en poste les employés à la veille de la retraite et puiser dans le bassin toujours croissant des travailleurs de 55 ans et plus à la recherche d’un emploi. Voici quelques leçons importantes qu’on peut tirer de ces expériences.
1. Favoriser l’approche holistique
L’aide à la planification de la retraite porte le plus souvent sur les questions financières. Mais les fonctionnaires qui se sont dévoués à une cause durant toute leur carrière ne voudront‑ils pas continuer de le faire? Le géant des produits forestiers Weyerhaeuser, qui compte des employés dans 18 pays, offre aux travailleurs âgés un atelier qui porte sur des questions comme « Que vais‑je laisser derrière moi? » et « Que vais‑je faire après? ». Pendant cet atelier destiné aux 50 ans et plus, les employés et leur conjoint réfléchissent à ce qui compte vraiment dans leur vie professionnelle et personnelle afin de déterminer leurs activités futures.
L’atelier aide les employés à comprendre comment leur emploi actuel et leurs perspectives de carrière cadrent avec leur plan de vie à long terme, ce qui peut renforcer leur sentiment d’appartenance et leur fidélité à l’entreprise. Évidemment, il y a toujours le risque que quelques participants constatent qu’ils ne suivent pas leur véritable passion et choisissent de quitter l’entreprise plus tôt.
De tels ateliers, adaptés au secteur public, pourraient être suivis de séminaires au cours desquels serait abordé un vaste éventail de possibilités comportant des changements géographiques et de nouveaux rôles – notamment par des échanges et un travail à l’international, qui sont possibles avant la retraite et pendant celle‑ci. Des programmes de formation pourraient aussi aider les employés à acquérir de nouvelles compétences.
2. Établir un réseau de retraités
La fonction publique pourrait établir des réseaux d’anciens employés menant à la création d’un bassin de retraités chevronnés auxquels on pourrait faire appel au besoin. Pendant bien des années, les établissements d’enseignement ont été les seuls à reconnaître les avantages de tels réseaux. Dernièrement, toutefois, un nombre croissant d’entreprises ont déployé des efforts concertés pour garder le contact avec les anciens employés. Ainsi, la société d’experts‑conseils McKinsey & Company gère un réseau d’anciens comptant plus de 10 000 membres dans le monde.
En gardant le contact avec les fonctionnaires retraités, les ministères pourraient savoir lesquels d’entre eux aimeraient revenir au travail, à temps plein ou à temps partiel. Booz Allen Hamilton a un programme de recrutement, The Comeback Kids, qui s’adresse aux anciens employés. Les retraités peuvent également agir comme service d’aiguillage.
En fait, il ne faut pas penser que l’employé retraité ne s’intéresse plus à la mission du ministère, ni qu’il sera indéfiniment à la retraite.
3. Mettre sur pied des programmes de transition professionnelle
Les ministères peuvent essayer d’attirer les 55 ans et plus qui travaillent ailleurs, par exemple dans le secteur privé, les universités et les autres administrations publiques. Ainsi, aux États‑Unis, il existe le programme FedExperience, qui cherche à jumeler les besoins de recrutement avec les babyboomers hautement qualifiés en quête de nouveaux défis.
Dans le cadre de cette initiative, le département du Trésor américain et la société IBM travaillent à repérer et à recruter des travailleurs et des retraités spécialisés de chez IBM en vue de les affecter à des postes essentiels au Trésor. On veillera à ce que la disponibilité de postes bien précis au département du Trésor soit portée à la connaissance des employés d’IBM ayant