Comment les cadres et les élus des villes dirigent‑ils les services municipaux, et comment interagissent‑ils? Nous en avons discuté avec les directeurs généraux des villes de Toronto et de Vancouver ainsi qu’avec un ancien maire.

 

Steve Kent est l’exemple typique de la nouvelle génération de professionnels. À 19 ans, il a été élu maire suppléant de la ville de Mount Pearl (Terre‑Neuve), pour devenir maire à 25 ans. Il a occupé cette fonction de 2003 à 2007, année où il a été élu député provincial de Mount Pearl North.

 

Les rapports hiérarchiques

Les relations entre le maire et le directeur général (DG) des services municipaux définissent un partenariat crucial. Ils  doivent  se tenir mutuellement informés de la situation sur les fronts politique et administratif. J’estimais pour ma part jouer un rôle de conseiller auprès du DG, et je crois qu’il se considérait comme étant un conseiller pour moi. Le DG est comptable envers le conseil municipal un peu comme l’est le président d’une université ou le chef de la direction d’une entreprise envers son conseil d’administration. La relation de travail entre le maire et le DG est très étroite. Nous avions des obligations bien réelles l’un envers l’autre si nous voulions nous acquitter efficacement de nos rôles respectifs. Nous devions nous rencontrer régulièrement et nous tenir mutuellement informés de tout ce qui se passait, y compris au sujet des enjeux émergents, et nous conseiller l’un l’autre sur la manière de gérer les relations entre le conseil municipal et le personnel. À mon sens, nous remplissions une fonction de contrôle – j’aidais le DG, qui, en retour, aidait le personnel à gérer les rapports avec le conseil, et le conseil à transmettre ses messages au personnel. Nous discutions stratégie pour assurer l’efficacité de ces communications et décider de la manière d’aborder certains dossiers avec la haute direction ou le conseil.

 

Notre ville a une taille (25 000 résidents) qui permet ce genre d’interaction directe. Mais à mesure qu’une ville grandit, le modèle doit être adapté. Ainsi, un examen organisationnel est en cours à Mount Pearl; cela entraînera certaines modifications structurelles, mais la relation directe entre les cadres et le conseil conservera son importance.

 

Il faut que le conseil municipal comprenne bien le rôle qui lui incombe. Les politiciens ont parfois tendance à s’ingérer dans les opérations courantes. Or, à partir du moment où l’on dispose d’une équipe de direction efficace et professionnelle, il est important de travailler en harmonie afin que les rôles de chacun soient respectés et que le conseil ne s’immisce pas dans les activités menées au quotidien. Nous devons avoir confiance dans la capacité de notre personnel d’accomplir les tâches que nous lui confions.

 

C’est en grande partie une question de respect et de confiance. Le maire et le DG doivent pouvoir communiquer de façon ouverte entre eux si l’on veut que les rapports entre le conseil et le personnel soient fructueux. De plus, le maire et le DG doivent être suffisamment à l’aise l’un avec l’autre pour se permettre d’exprimer des désaccords et discuter ensemble des dossiers. C’est là une relation saine, qui constitue un élément important du processus.

 

Les défis

Nous sommes souvent relégués dans l’ombre de la capitale. Il est important de faire connaître notre rôle de ville faisant partie d’une grande zone urbaine ainsi que notre apport au niveau de la région, surtout lorsqu’on tient compte de la tendance inquiétante aux fusions municipales, depuis une décennie, dans l’ensemble du pays. Les fusions n’ont pas marché dans les grands centres urbains du Canada : chaque fois, les impôts ont grimpé et les services ont baissé. Les gens d’affaires, tablant souvent sur l’hypothèse qu’il sera possible de réaliser des économies d’échelle et des gains d’efficience, exhortent tous et chacun à former des mégapoles. Or, cette hypothèse se vérifie peut‑être dans le secteur privé, mais il n’en va pas forcément de même dans le secteur public.

 

En fait c’est ici, dans la région d’Avalon, au nord‑est, qu’on trouve l’un des meilleurs exemples de coopération municipale au pays. Les municipalités partagent les services lorsque la situation le justifie – pensons notamment aux transports en commun et à la gestion des déchets. Mais le fait est que, de toutes les administrations publiques, ce sont les administrations municipales qui sont le plus près des gens. Plus grand ne rime pas toujours avec meilleur. Les municipalités peuvent travailler de concert pour le plus grand bien de leur région, sans pour autant avoir à sacrifier leur autonomie.

 

Le vieillissement des infrastructures. Il y a trente ans, nous formions une ville jeune, dotée d’infrastructures neuves. À mesure que le temps passe, nous devons prévoir la modernisation de nos infrastructures. À cet égard, de bonnes relations avec l’administration provinciale sont cruciales. Au cours de la dernière année, le gouvernement de Terre‑Neuve‑et‑Labrador a fait la plus importante annonce de l’histoire de la province en matière d’infrastructures municipales et il accorde depuis cinq ans une attention prioritaire à l’élimination du déficit à ce chapitre.