Les récentes constatations d’un poids lourd de la recherche, la société Gartner Inc., ne plairont vraisemblablement pas aux promoteurs du cybergouvernement.
En se fondant sur l’expérience du Web 2.0 de 80 clients gouvernementaux dans le monde (dont quatre au Canada), la société Gartner présente ce qu’elle estime être un « sombre portrait de l’adoption actuelle du Web 2.0 dans l’administration publique et des plans à cet égard ».
« On continue de se concentrer sur les technologies et les applications qui visent à améliorer la mobilisation et la collaboration, signale Gartner. Peu d’éléments semblent indiquer que les professionnels de la TI dans le secteur public apprécient les aspects les plus dérangeants, mais aussi les plus prometteurs du Web 2.0 (ni qu’ils comptent les examiner ou, à tout le moins, les expérimenter. Mentionnons à ce titre l’incidence du Web 2.0 sur les architectures plus légères, « centrifuges », qui préconisent la réutilisabilité et la composabilité, et l’abandon des initiatives centrées sur les commettants en faveur d’initiatives dirigées par ces derniers. »
Au cas où le message ne serait pas assez clair, Gartner ajoute cette réprimande :
« L’État s’est toujours montré – et se montrera toujours – prudent lorsqu’il s’agit d’adopter des technologies parce qu’il se soucie beaucoup plus d’ inclusion et de reddition de comptes que de bénéfice net et de part de marché. Il devrait cependant avoir tiré quelques enseignements de ses initiatives de cybergouvernement, les tentatives de modernisation de son image et de ses processus ayant donné des résultats mitigés; même dans le meilleur des cas, la participation des citoyens et le taux d’utilisation restent en‑deça des attentes. »
Il existe un risque bien réel de creuser le fossé entre les citoyens qui adoptent la technologie et modifient en conséquence leur comportement personnel et professionnel, et les administrations publiques qui continuent de défendre leur chasse gardée et de faire preuve de timidité sur le plan technologique. »
Gartner conclut par un rappel inspiré du potentiel du Web 2.0.
« Le Web 2.0 n’est pas simplement un ensemble de technologies prometteuses. Il donne aux administrations publiques l’occasion de prendre du recul, de réfléchir sur leur mission essentielle et de déterminer comment structurer l’information et les services étroitement liés à cette mission. L’écosystème des autres organismes, intermédiaires et collectivités pourra alors avoir accès à ces services et à cette information de la manière la plus pratique, efficace et efficiente qui soit. »
Ce reproche est formulé par une entreprise ayant acquis une réputation bien méritée pour la qualité de ses recherches en matière technologique. Mais il n’est pas le seul, loin de là. Un rapport récent de chercheurs britanniques abonde dans le même sens.
L’étude menée par la Hansard Society, un forum de recherche préconisant la participation du public à la politique, invite l’État à gérer les attentes des gens qui traitent en ligne avec ses administrations.
« Les communications en ligne promettent la transparence; les communications imprécises reçues des équipes de mobilisation donnent souvent aux participants l’impression qu’on cherche à noyer le poisson », mettent en garde les auteurs du rapport.
« Les chances de réussite des sites Web sont meilleures lorsqu’ils combinent une planification attentive et une mise en marché adéquate à des stratégies de mobilisation réfléchies. Dans ces conditions, les responsables des politiques peuvent profiter des commentaires des utilisateurs, les ministères ayant alors davantage la confiance du public et recevant une rétroaction positive des intervenants. Pour leur part, les utilisateurs finaux signalent avoir davantage confiance dans le processus politique et mieux comprendre le gouvernement. »
Ces deux rapports ciblent, il va sans dire, le côté insaisissable du cybergouvernement, à savoir son potentiel pour non seulement transmettre de l’information « pratico pratique », mais aussi pour obtenir une participation plus large et plus directe des citoyens à la démocratie. La distinction entre les deux approches – un genre de « je – gouvernement » d’une part et de « nous – gouvernement » d’autre part – s’amplifie à mesure que la technologie prend ses sa place dans la vie de tous les jours.
Cela dit, les champions de la cyberdémocratie ne se tiennent pas pour battus.
· Un conseil de comté en Irlande a lancé un site Wiki pour inviter le public à participer au développement local.
· La Grande-Bretagne a lancé Building Democracy, un site de recherche en ligne qui accueille les propositions traitant de questions publiques et cherchant à influer sur le gouvernement.
· Le Powe