Un demi-millénaire après le premier contact entre les Autochtones et les explorateurs d’Europe, 141 ans après l’adoption de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique et un quart de siècle après le rapatriement de la Constitution, les relations entre les Autochtones et les non-Autochtones sont toujours aussi tendues.

Selon le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, en 500 ans de cohabitation, la relation entre les Autochtones et les non-Autochtones est passée de la coopération et du partenariat au paternalisme et à la domination exercée par les non-Autochtones et leurs gouvernements. Dernièrement, divers moyens ont été déployés pour en arriver à des arrangements juridiques, culturels et sociaux justes et équitables : lois, nombreux traités, études, recours aux tribunaux et une Commission royale – sans compter les protestations et les actes de désobéissance civile.

L’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont été confrontées à des problèmes semblables dans leur contexte propre. Des mesures communes – commissions de vérité et de réconciliation, présentation d’excuses de la part des leaders gouvernementaux et autres processus de réconciliation – ont récemment été adoptées dans le contexte canadien. Ces mesures de réconciliation, qui semblent avoir donné de bons résultats dans les autres pays, reflètent des valeurs de vérité, de justice, de guérison et d’équité et se fondent sur le respect, l’inclusivité, la consultation et l’entraide.

Dernièrement, soit le 1er juin 2008, le Canada a mis sur pied la Commission de vérité et de réconciliation relative aux pensionnats indiens sous la présidence du juge Harry S. LaForme. Le 11 juin 2008, le Premier ministre Stephen Harper a présenté des excuses aux anciens élèves des pensionnats indiens devant la Chambre des communes. Puis, le 20 octobre, juste au moment où les efforts de la Commission laissaient entrevoir une lueur d’espoir, le juge LaForme a démissionné.

Les 1er et 2 juin, un groupe de 70 personnes composé d’environ 50 % d’Autochtones, 25 % de fonctionnaires fédéraux, provinciaux et municipaux et 25 % d’universitaires s’est réuni à l’Université Queen’s pour discuter des problèmes et des processus de réconciliation au Canada et formuler des recommandations à ce sujet.

Selon le First Nations Technical Institute (FNTI), co-organisateur de l’événement, le thème abordé lors de la conférence des Premières nations sur les processus de réconciliation constitue un élément essentiel à l’établissement d’une base solide sur laquelle pourront s’appuyer dans le futur les relations entre les parties touchées par l’histoire mouvementée des collectivités des Premières nations au Canada. Le FNTI s’est associé à l’École d’étude des politiques de l’Université Queen’s afin de créer un ensemble de cours de niveau supérieur en politique publique et en administration à l’intention des apprenants autochtones et des autres personnes intéressées par le sujet. Ces cours font partie du programme à temps partiel de maîtrise professionnelle en administration publique de l’Université.

La conférence a donné lieu à des discussions poussées entre les participants et a permis de faire un grand pas en vue d’élaborer un cadre stratégique pour les processus de réconciliation qui tient compte de la réalité canadienne. Ovide Mercredi, chef de la Nation Cree Misipawistik et ancien chef national de l’Assemblée des Premières nations, a prononcé un discours dans lequel il a exprimé sa frustration, mais aussi son espoir pour l’avenir. Il a demandé aux participants de s’entendre sur un processus de réconciliation qui traiterait tous les partenaires sur un pied d’égalité et qui permettrait d’établir un consensus pour un projet d’avenir commun.

La conférence s’est déroulée selon un processus de participation unique. La méthode utilisée, celle du débat ouvert, était conforme aux traditions des Premières nations et a permis aux participants de discuter librement tout en explorant bon nombre de questions. Dans un débat ouvert, les participants élaborent leur propre programme, constitué de séances de travail parallèles qui s’articulent autour d’un thème central, ce qui permet à des gens de différents milieux de se pencher sur tout un éventail de sujets complexes.

Sous la direction de l’animateur, les participants ont d’abord formé un grand cercle pour proposer les sujets de discussion qui leur tenaient à cœur. Ces sujets ont été inscrits à l’horaire à des intervalles de 30 minutes. Par la suite, les participants ont choisi les sujets dont ils souhaitaient discuter, se sont séparés en petits groupes et se sont déplacés d’un groupe à l’autre pour se joindre à différentes discussions. Enfin, le grand cercle s’est reformé et les chefs de groupe ont donné un résumé des délibérations sur chaque sujet. Ainsi, les participants ont pu tisser des liens entre eux et démontrer leur volonté de faire avancer les choses.

La conférence a permis de traiter d’un vaste éventail d’enjeux bien précis :     
Comment les non-Autochtones peuvent-ils devenir des alliés? Les non-Autochtones doivent pour cela, dans le cadre du processus de réconciliation, faire preuve de bonne foi, connaître l’histoire, communiquer de façon efficace, pratiquer l’inclusivité et le respect dans le dialogue, combattre les stéréotypes et trouver une raison universelle d’établir des liens.Sensibiliser les fonctionnaires aux questions autochtones : l’adhésion de la haute direction, le perfectionnement des compétences de base des prestataires de services publics, l’apprentissage continu et le contact avec les collectivités autochtones sont des éléments clés pour sensibiliser les fonctionnaires aux questions autochtones.Consultation autochtone et « consultation/engagement public » : il faut faire la différence entre les concepts de consultation autochtone et de « consultation/engagement public ». Le respect, la patience, la reconnaissance et l’inclusivité lors des consultations peuvent mener à une meilleure structure de prise de décisions. Il serait bon que des activités de sensibilisation et de formation soient offertes aux participants durant le processus. Accords Premières nations-Canada-Ontario sur les services publics en collaboration : les intervenants en matière de services publics en collaboration avaient sensiblement les mêmes objectifs. Ces objectifs seraient plus facilement atteignables si les interv