« Les différents intervenants au Canada n’arrivent tout simplement pas à bien travailler ensemble. Nous semblons avoir du mal à nous organiser lorsqu’il s’agit de faire concurrence à d’autres nations parce que nous n’investissons pas suffisamment dans l’apprentissage permanent. »

 

 – Red Wilson, chef du Groupe d’étude sur les politiques en matière de concurrence

 

 

Au cours des vingt dernières années, l’administration publique s’est intéressée à de nouveaux secteurs d’activité pour s’adapter aux pressions exercées dans ces domaines politique et technique.

 

·         Dans la foulée de méfaits réels et apparents, des efforts incessants ont été déployés afin de déterminer les responsables et de les obliger à rendre des comptes. Il s’en est suivi de nouvelles formes de reddition de comptes et de surveillance.

·         Les améliorations continues de la rapidité du traitement informatique et de la capacité de stockage ont suscité une floraison de travaux créatifs d’analyse de données. Cela a incité Chris Anderson, rédacteur en chef du magazine Wired, à décréter la fin de l’ère de la théorie et le début d’une nouvelle ère de « super calcul » et des données qui offre aux analystes publics de puissants outils de prédiction.

 

La mesure du rendement et l’évaluation des programmes existent depuis longtemps sous différentes formes, mais la capacité technique de mesurer les résultats était limitée. Les scandales passés nous ont contraints à trouver des moyens plus explicites d’évaluer le rendement.

 

Le lien entre la performance économique, d’une part, et les études et la formation en cours d’emploi, d’autre part, en est un exemple. De fait, le rapport entre le niveau d’instruction et la disponibilité de travailleurs spécialisés pour alimenter la croissance économique pourrait bien être la seule certitude issue de la recherche en sciences sociales. L’Irlande a le ratio étudiants-population le plus élevé d’Europe, grâce au renforcement de ses programmes postsecondaires en affaires internationales, en génie et en technologie de l’information. Les tigres asiatiques ont accordé une attention toute particulière à la formation professionnelle, au génie, aux sciences et aux mathématiques au niveau postsecondaire, ce qui les a bien servis.

 

N’oublions pas non plus l’importance de la formation en cours d’emploi. Dans un récent rapport intitulé Indice composite de l’apprentissage 2008, le Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA) présente une analyse impressionnante des tendances de l’apprentissage et de la formation structurés au Canada. Dans l’un des chapitres portant sur les quatre piliers de l’environnement d’apprentissage figure une analyse intéressante des possibilités d’apprentissage en cours d’emploi que le secteur privé offre à ses employés.

 

Des preuves tangibles révèlent de graves lacunes. Selon l’Enquête biennale sur le milieu de travail et les employés menée par Statistique Canada, seulement 56 % des milieux de travail canadiens avaient offert une forme quelconque de formation en cours d’emploi à leurs employés en 2003, contre 90 % au Royaume-Uni et 85 % au Danemark. D’après l’OCDE, le Canada se classe au 14e rang.

 

Ces chiffres montrent qu’au Canada les entreprises investissent de 40 % à 50 % moins en formation et en éducation que dans les autres pays développés.

 

Ces constatations sont importantes, car il est amplement prouvé dans les publications disponibles, que la formation liée au travail contribue directement à la réussite des entreprises canadiennes, de leurs actionnaires et de leurs employés, bref, à la prospérité nationale. Il est notamment démontré que la formation en cours d’emploi se traduit, pour les entreprises, par un accroissement de la productivité et, pour les employés, par un rendement amélioré, des salaires plus élevés et de meilleures possibilités d’avancement. En Australie, par exemple, une série d’études de cas sur un certain nombre d’initiatives de formation offertes par des entreprises a démontré que, après examen de la productivité, des ventes, du roulement du personnel et des coûts de formation, le rendement du capital investi en formation variait entre un seuil de 7,1 % et un sommet impressionnant de 30 %.

 

Les études du CCA montrent clairement que le Canada est à la traîne par rapport à d’autres grands pays de l’OCDE en matière d’apprentissage permanent.

 

Aucune raison pédagogique ne semble expliquer le retard du Canada. En fait, l’accès à des capacités de ce « super‑calcul » nous fournira un meilleur aperçu de la valeur prédictive de la formation pour notre bien‑être économique. Le manque de clarté de notre constitution quant au palier de gouvernement auquel il revient de promouvoir la formation en cours d’emploi pourrait constituer un obstacle. Cette ambiguïté rend certainement le cadre de responsabilisation plus complexe et dilue les responsabilités en la matière. Ce n’est toutefois pas une raison pour priver les Canadiennes et Canadiens d’un élément aussi essentiel à leur réussite économique.